On a tous eu connaissance d’affaires qui ont fait plus ou moins le buzz, dans lesquelles certains collaborateurs ont affiché sur leurs réseaux un comportement totalement en décalage avec les valeurs portées par leur employeur et ont été sanctionnés pour cela. On voit aussi tous les jours des collaborateurs prendre la parole sur les réseaux, professionnels ou non, pour parler au nom de leur entreprise. Pourtant, en droit, il y a encore une frontière très nette entre la vie privée et la vie professionnelle. 

🚧Alors, justement, où est cette frontière ? Qu’est-ce que les collaborateurs peuvent dire ou ne pas dire ? Qu’est-ce que l’entreprise peut demander aux collaborateurs ou ne pas demander 📢? En tant que RH ou employeur, quel est notre rôle ? 🧘‍♀️🧘‍♂️

🛜Le phénomène a commencé il y a une dizaine d’années, alors que Facebook était encore assez seul dans le paysage. Des managers venaient nous signaler que certains de leurs collaborateurs, en arrêt maladie, avaient posté une photo d’eux en train de faire la fête le week-end. On nous posait alors la question de savoir s’il fallait ou pas sanctionner. En réalité, dans ce type de cas, la seule solution à notre disposition était souvent de prévoir un contrôle de l’arrêt maladie. Ces cas étaient rares et, souvent, le fait de collaborateurs très peu habiles avec ces réseaux, qui ne savaient pas différencier le statut public du statut privé.

Puis, au fur et à mesure de l’avènement d’Instagram ou de TikTok, les comptes se sont multipliés et on estime aujourd’hui que plus de 50 millions de comptes sont actifs en France…🥸 Les entreprises y ont vu un formidable canal de communication pour toucher plus facilement des clients, certaines se sont même entièrement fondées sur les réseaux, surtout en e-commerce, et, désormais, aucune entreprise ne peut passer à côté si elle souhaite développer son audience. Mais, en même temps que ce développement, les RH ont assisté à l’émergence de deux grandes tendances, qui peuvent parfois être compliquées à gérer si on ne s’y intéresse pas un peu.

📵D’abord, les collaborateurs ne font plus attention à ce qu’ils postent sur leurs réseaux, et surtout à qui peut voir leur contenu. C’est un vrai problème de Société, qui, malgré ce qu’on croit, ne touche pas que les jeunes générations. On se retrouve en entreprise avec des collègues et une hiérarchie qui savent tout de ce qu’on a partagé. En tant que RH, on nous demande souvent quoi faire. Unetelle a des opinions politiques très tranchées, untel part au soleil plusieurs fois par an alors qu’il demande des avances tous les mois. Cela peut vite devenir un casse-tête, et surtout une source de malentendus et de non-dits assez désagréables au sein d’une équipe ou d’une entreprise. Quand un salarié poste une photo au soleil alors qu’il est censé être en arrêt, c’est assez simple à gérer. Mais quand il n’y a plus de filtre entre le professionnel et le personnel, qu’on sait tout de son ou de sa collègue, et parfois même bien plus que ce qu’on aurait voulu savoir🫣, il n’y a pas grand-chose à faire à part prendre du recul et garder un filtre plus ou moins épais, très subjectif car propre à chacun.

💬Autre tendance vue depuis plusieurs années, de plus en plus de salariés communiquent sur les réseaux au nom de leur entreprise, alors même que celle-ci ne leur a rien demandé. Certains parlent de leur poste, de leur équipe, d’autres relaient des communications du compte officiel de leur employeur. Dans ces cas de figure, il n’y a souvent aucun souci. Tant qu’aucun propos diffamatoire ou insultant n’est tenu, chacun a le droit de s’exprimer. Cela devient moins vrai quand un collaborateur poste une opinion sur un réseau, souvent professionnel, en parlant de son entreprise et en arborant même l’uniforme ou le vêtement de travail de l’enseigne pour laquelle il travaille. En tant que dirigeant ou RH, on doit commencer à se pencher sur le sujet. Quand LinkedIn a émergé, ceux qui postaient le plus étaient des recruteurs en quête de talents. Aujourd’hui, nombre de posts sont écrits par des collaborateurs qui arborent les couleurs de leur entreprise sur le réseau sans faire partie du service RH ou de l’équipe dirigeante. C’est souvent accepté parce que cela apporte de la visibilité. En plus, si la personne n’était pas fière de travailler pour son entreprise, elle ne se ferait pas le relais de la communication de son employeur. C’est donc une vitrine gratuite et facile pour les entreprises.

Mais cela peut se gâter si le post en question engage l’entreprise (ex: un collaborateur qui se trompe en répondant à un internaute sur un engagement du service client), entache sa réputation (ex: une collaboratrice qui porte un discours à l’opposé des valeurs de son entreprise). Là encore, mes collègues RH sont souvent appelés à la rescousse. Or, un collaborateur, hors du cadre de son travail, ne peut parler librement au nom et pour le compte de son entreprise. En 2024, avec le télétravail et la déconnexion parfois compliquée, le cadre du travail peut parfois paraître flou, il n’empêche qu’il est toujours là et qu’il peut être utile d’en redessiner les contours. Or, souvent, le mal est fait et mis à part compliquer la relation de travail, personne n’y gagne.🤦🙍‍♀️

💡Pourtant, des solutions simples existent pour éviter au maximum ce genre de situations. Avant toute chose, il est très utile, même dans des petites structures, d’avoir une charte d’utilisation des réseaux sociaux, remise à chaque nouveau collaborateur dès son arrivée dans l’entreprise. Ce document explique comment l’entreprise utilise les réseaux et donne quelques conseils de prudence à ses équipes sur la manière d’utiliser les réseaux sociaux. Mine de rien, on n’a pas appris à l’école à se servir des réseaux sociaux (et même si c’est indispensable pour leur vie quotidienne, les écoliers d’aujourd’hui apprennent certainement des choses qui ne seront plus valables pour leur vie professionnelle d’ici à ce qu’ils entrent dans la vie active). Ce qu’on sait des réseaux (comment les utiliser ? qui voit quoi ? pendant combien de temps ?) vient le plus souvent de notre pratique et de ce qu’on est allé soi-même chercher comme information. 

De même, et souvent pour les plus grandes entreprises ou pour les services qui utilisent les réseaux de manière quotidienne, une formation est primordiale. En plus des connaissances acquises pendant leurs études ou dans leur expérience passée, il est essentiel d’aligner la vision de l’entreprise et celle de ceux dont le rôle est justement de véhiculer son image. Aujourd’hui, de très nombreuses formations existent sur le sujet et sont très efficaces.  Elles sont indispensables pour s’assurer que ce qui est posté est le reflet de ce qui est souhaité par l’entreprise. Vous serez surpris de voir tout ce qu’on y apprend et du gap qui peut exister entre les croyances des collaborateurs et la réalité.

Vous voyez, beaucoup de problèmes peuvent s’anticiper avec des solutions très simples et peu coûteuses en temps et en argent. Alors, si vous souhaitez être plus sereins sur l’utilisation des réseaux sociaux par vos salariés🧘🏾‍♀️, garantir votre réputation🖼️, garder un bon dialogue social 🗨️et remplir en même temps un rôle sociétal🗺️, mieux vaut investir un peu avant, que de devoir rattraper ensuite une image de marque écornée et un climat social dégradé. 

Sur ce, bonne fin de semaine !

Cosette